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Temps vertical

 

Le soleil a mordu le silence

La source a souri tendre sur ton poing

 

Quand tu t’es relevé,

Tout un peuple d’oiseaux s’est jeté dans le ciel

 

C’était peut-être l’herbe qui criait sous ton pas

Une aile de forêt s’est tendue vers l’orient

 

Sans doute, y avait-il au loin une porte pour pleurer

 

Plus d’importance,

C’est le couchant

Plus d’importance,

C’est maintenant

 

Le temps est vertical,

Cela pourrait s’arrêter là.

 

 Brigitte BARDOU

 

 

 

 

 

Boréale

 

La nuit sifflait sur la banquise.

Deux ou trois étoiles en cheveux,

À moitié myopes,

Faisaient de l’œil à un vieux train.

On ne pouvait plus compter sur le jour

Avec ses humeurs de parapluie anglais,

Ni sur les vaches écroulées dans la paille,

Ni même sur Dieu

Qui avait déjà mis le monde au clou.

On ne pouvait compter sur rien,

Sauf moi sur toi,

Peut-être...

Pour avoir chaud.

 

 Brigitte BARDOU

 

 

 

 

 

 

Matin d’eau douce

 

 

Matin fragile

Aux épaules de neige

A pas courus sur le sentier

Vers l’or en joncs

De la roselière

 

Derrière,

Le lac s’abreuve de solitude

 

Clapotis

Gloussement d’une poule d’eau

 

L’eau-cristal retrousse en vaguelettes

Les arcs du soleil

 

Barques dansantes au bras,

Le ponton chaloupe

Ses planches trouées

 

Clapotis

Soupirs de chaines rouillées

 

Debout sur un pieu de bois,

Un cormoran,

Toutes ailes ouvertes,

Prêche1 en silence

 

Un cygne joue son col

En miroir

 

Au profond

Des pierres moussues discutent

 

Clapotis

Éternité.

 

 Brigitte BARDOU

 

 

1 : c’est bien « prêche » et non « pêche »

 

 

 

 

 

Lait et sang

 

Amour

Mot tremblant

Mot de lait et de sang

Étouffé

Mot au sexe flou

Galvaudé

Abattu sur tous les quais de gare

À bout portant

Et retrouvé

Sous la nuit drue

Battant.

 

 Brigitte BARDOU

 

 

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